Rencontre avec les Ténèbres (pv Baalberith)

Sindanarie entra dans la taverne alors que la nuit était tombée depuis longtemps sur le port. C'était une soirée anormalement calme : peu de vent, pas de bruit dans les rues désertes. Drapée de son manteau sombre, capuche rabatue sur son visage, elle se dirigea vers le fond de la taverne presque vide, et s'installa dans un angle. Elle pouvait voir toute la salle, et la porte était face à elle, et la fenêtre légèrement sur la droite.

Quelque chose pour vous, Dame? s'enquit le tavernier.

Votre spécialité. Peu m'importe, répondit-elle.

Elle pensait au conseil qui s'était tenu peu auparavant. Elle soupçonnait uen manoeuvre louche chez Zardann, loin dans le Royaume de la Terre. Mais l'heure n'était pas à la spéculation, et une chope remplie de tisane noire à la forte odeur d'épices (cannelle, reconnut-elle entre autres) était arrivée sur sa table. Elle remercia d'un sourire le tavernier, quand son sang se glaça. Un frémissement dans l'air, imperceptible. Elle tourna les yeux vers la fenêtre embuée, par laquelle elle entraperçut une forme imprécise qui se dirigeait vers l'entrée de la taverne. Elle rabattit son capuchon sur ses yeux, et attendit.

La porte s'ouvrit doucement, et laissa paraître un étrange personnage.

Baalberith refît son apparition dans une taverne après l'éffondrement de la chapelle en pleine forêt. Il était couvert de son grand manteau noir, le visage caché par sa capuche sur laquelle était écrit des symboles mystiques. Il ferma la porte derrière lui et plus un bruit ne parut dans la salle, il se posa à une table éloigné de toutes autres personnes.

Pardonnez-moi étranger, mais que souhaitez vous prendre ? Demanda le tarvernier

Baalberith le regarda dans le fond de ces yeux et lui réponda en ricannant d'une voix peu rassurante.

Ton âme, bien sur !! Ha ha ha

Le tavernier n'attenda pas pour partir, prit de peur, il rejoingna les autres clients. Baalberith observait une personne dans le fond de la salle, il ne pouvait pas la distinguer visuellement car son visage était voillée d'une capuche. Il essaya de lire dans ces pensées mais peu concluant.

L'étranger était... étrange... Des manières peu conventionnelles, soulignées par un frôlement de son esprit sur le sien. Des yeux brûlants d'un feu inhabituel brillaient dans la pénombre de sa capuche. Sindanarie se rencogna dans son angle, cherchant dans sa mémoire où et quand elle avait pu le croiser, mais sans résultat : elle n'avait pas vu de personne de ce genre depuis bien longtemps... Depuis son village en feu... Le regard fou, le regard dément enfoncé dans des orbites caves, tuant, pillant et massacrant les siens. C'était avant qu'elle ne prenne la tête des quelques Elémentaires de la Foudre survivants...

Un léger sourire flotta un instant sur ses lèvres alors qu'elle murmurait :

Viens, mon ennemi ; il est des endroits où souffle l'esprit ; toi, tu es venu à moi... Tu t'es offert en pâture, mon ennemi, et je ne te laisserai pas repartir. J'ai trop de choses à venger...

Elle rejeta sa capuche en arrière, libérant ses cheveux noirs, dévoilant son visage blanc.

Je t'attendais... fit-elle sur le même ton.

Elle planta son regard dans celui de l'arrivant. Regard ferme contre regard de feu. Toujours souriante, elle se leva, traversa la taverne d'un pas souple et, surprenant la majeure partie des eprsonnes encore présentes, s'installa à la table de l'étranger.

Dites-moi, seriez-vous en ville depuis peu de temps?

Baalberith sentait qu'il n'était pas le bienvenu pour tous le monde dans cette taverne, une grande femme , les cheveux noir et les yeux bleu le fixait droit dans les yeux que lui voulait-elle donc ? Il la vit se lever toute souriante, traversa la taverne et se dirigea vers lui pour s'asseoir enfin à sa table.

Dites-moi, seriez-vous en ville depuis peu de temps? lui demanda l'étrangère

Certe, ma présence n'est que provisoir dans cette ville, enfin jusqu'a se quel soit plus que ruine... héhéhé. Baalberith ressentait quelque chose de bizarre dans l'âme de cette personne, une sorte d'envie de se venger, mais pour quoi et contre qui ?

Et vous êtes-vous ici depuis longtemps ? d'une voix grave

Tavernier !! cria-t-il

Le tarvernier s'approcha de la table à petit pas, inquiété, il se sentait mal.

Euh .. oui que puis-je pour vous cette fois-ci ?? d'un ton inquiet

Une bière. sans politesse

D'accord je revien de suite messieur.

Le sourire des lèvres de Sindanarie se fit ironique.

Eh bien, quelle politesse... Monsieur?

Après une courte pause, son interlocuteur n'ayant pas articulé de réponse, elle reprit :

Je suis connue ici sous le nom de Sindanarie, chef des Elémentaires de la Foudre, mais mon véritable nom est Lùthien Sindànarië. Vous-même devez bien avoir un nom?

Voyant que sa curiosité semblait déplaire à son interlocuteur, elle lui lança avec une certaine brusquerie et un large sourire provocateur :

Si vous voulez vraiment, comme vous me l'avez dit, détruiire cette ville, la réduire à des ruines fumantes, vous devrez passer sur mon cadavre. Et je ne me laisserai pas tuer.

Elle se pencha vers l'étranger et murumura :

Je ne peux pas encore mourir... Trop de choses encore à faire, trop de personnes à venger... Vous ne me briserez pas.

Sindanarie resta droite quelques secondes, puis toute force sembla la quitter et elle s'effondra, la tête dans les mains, tremblante comme après un combat féroce,; et ce alors même que la taverne semblait reprendre vie après le passage de l'être maléfique qui était tout juste... parti... évaporé...

Evaporé avec cette fiole, cette fiole, oh ! cette fiole qui contenait l'âme de son fiancé, tué lors de l'attaque de son village... Nemesys... Face contre terre dans la boue sanglante au milieu de la rue en flammes, se retournant pour un dernier regard avant que ses yeux deviennent vitreux... Nemesys...

Nemesys, si jeune alors, trop vite parti... Ton nom appelle la vengeance, Nemesys, ton sang souillant ma terre hurle pour ta délivrance, hurle pour ta souffrance, hurle sans fin dans mon esprit... Mon Nemesys...

L'esprit comme engourdi, l'esprit clair pourtant, les yeux voilés de larmes, Sindanarie sortit brusquement de la taverne, et dans le froid de la nuit elle hurla de haine :

Je te trouverai ! Le monde n'est pas assez vaste pour nous deux, et si longtemps que je vivrai, je te pourchasserai, et quand je t'aurai trouvé, je te reprendrai ce que tu nous as volé ce jour-là ! Tu as pris ma jeunesse, tu as pris mon innocence, tu m'as pris ce qui m'était le plus cher, le plus sacré, le plus inviolable, tu as pris notre amour, poursuivit-elle d'une voix qui se brisa sur un sanglot. Je te retrouverai... Je te tuerai...

Sa voix s'éteignit dans le silence nocturne.